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Anselme, Douti, la constitution et moi

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  A Nihade, pour s’être dévouée à me rappeler l’impératif d’écrire A Yendoutien, dont les réponses m’ont convaincu de la nécessité d’écrire ce qui suit Quand on ne sait pas dire les choses, elles rongent. Continuellement. Mais comment écrit-on les temps qui ne changent pas ? Comment écrit-on le non-droit, la répression et la forfaiture quand ça vous noue la gorge, l’estomac et les mains ? Comment écrit-on les coups que l'on prend dans les tripes, le cœur et la tête ? Comment survit-on aux balles perdues et à celles à bout portant qui viennent se loger dans la poitrine d’un enfant de 9 ou  12 ans ? Comment, enfin, ne pas mourir quand les rangers vous brisent les côtes et les crosses de fusils vous fracassent le crâne ? La question que je pose ici, c’est comment écrire l’histoire togolaise. La condition togolaise. Le meurtre et l’ensevelissement permanent de l’utopie nationale par une clique de maitres-sorciers et leur horde d’apprentis. Ce que je veux crier comme on pleure toutes le

Une femme à écrire

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Générée avec Bing Sika m'aimait, aussi loin que je me souvienne, elle m'a toujours aimé. Je l'aimais aussi, enfin, j'aimais lui faire l'amour. Elle, elle aimait particulièrement me parler. Sika parlait beaucoup, de choses qui intéressaient peu mon esprit. Elle n'avait jamais lu Depestre ou Bukowski, elle n'écoutait ni la musique de Nina Simone ni celle de Toto Bissainthe mais exigeait que je l'écoute. Cette nuit-là tout est allé si vite. J'étais devant l'ordi, j'avais passé une de ces journées avec Adjoa et je voulais l’écrire. Nous nous étions promenés le long de la plage puis avions échoué sur son toit. Raisins, vins et poèmes au clair de lune. Pour la musique, parce qu’il en faut toujours, une petite enceinte bluetooth et son téléphone avaient suffit. Et puis nous fîmes l’amour, corps et âme. Son corps contre le mien, mon âme dissout dans la sienne. Adjoa est une femme à écrire, de celles qui vous allument l’âme. Sika a débarqué à ma droit

Lune ensoleillée

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Je t'ai vu. En plein orgasme dans le ciel.  Ça m'a rappelé des choses. Ces choses que tu connais bien.  Ton corps. Mon âme. Ton corps, dissout dans mon âme.  Ces spasmes sinusoïdaux qui s'emparaient de nous.  Est-ce vrai que plus jamais, tu n'onduleras sur moi ?      Crédits Photo : Klétus Situ

Moi, je ne guéris pas des femmes (feat Omaw Buame)

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Décembre est un temps propice pour recasser ce qu'on aurait aimé mieux vivre. On recasse bien quand on (re)écrit sa vie. A la façon de Dany Laferrière. Mais il ne faut pas confondre réel et fiction. Nos vies sont des fictions. Notre imagination, le réel. Alors cette histoire est bien réelle et toute ressemblance avec des personnages de fiction n'est que fortuite. * *             * ©Je n'ai aucun droit sur cette photo et je n'ai pas pu en identifier l'auteur original Moi, je ne guéris pas des femmes. Je les archive. Et si elles guérissent de moi, je prends soin de laisser en elles quelques millilitres de mémoire. Quelques mégabytes de moi. Pour qu’elles ne m’oublient pas. Pour qu’elles me portent en elles comme je laisse leurs blessures en moi. “Danse avec moi, Prithiya, danse avec moi.” Nos pas dans mon esprit soulèvent encore la poussière. Le bruit de ton rire résonne encore. Tu somnoles encore sur mon épaule, sous la lune, sur un banc public.  Tu fuis toujours mon

L’avenir du littoral togolais s’écrira autour de l'écologie, du patrimoine et des communautés ou ne s’écrira pas

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Marrons © Parmenas Awudza, Agbodrafo Novembre 2022 Alors que le phénomène d’érosion côtière s’est accentué au cours des trois dernières décennies, nous faisant perdre au moins 2 km de côtes, des routes nationales et bouleversant la vie sociale et économique de dizaines de communautés avec la disparition de leur cadre de vie ; il est désormais clair qu’il n’y aura pas d’avenir pour le littoral togolais, tel que nous le connaissons aujourd’hui, si nous échouons à relever les défis de préservation de la côte et de prospérité vertueuse des communautés riveraines. En ce sens, il faut aujourd’hui enclencher de nouvelles initiatives d’intelligence collective, en plus de dynamiser celles existantes, entre les communautés, les pouvoirs publiques, les opérateurs économiques et les partenaires au développement afin de construire une vision claire et une matrice d’actions pour valoriser le patrimoine côtier tout en préservant le littoral. Dans une approche long-termiste, un tel exercice devrait se

27 Avril, une si longue nuit (feat Théo Ananissoh)*

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  Aujourd'hui, 27 Avril, que fêtons nous ? L'indépendance du Togo ? Qu'est-ce que ça signifie, qu'est-ce que ça représente dans notre conscience collective ?  Où sont les idéaux que portaient les pères fondateurs, quelle est leur place dans le récit national ? D'ailleurs, avons-nous réussi à devenir une véritable nation ? Ou du moins un État respectable ?  Quel est aujourd'hui le projet national ? Quel pays construisons-nous ? Il y a tellement de questions autour de cette date. Encore que, dans un passé récent, certains de nos compatriotes ont tenté de l'effacer. Elle et ce qu’elle représente. Elle et la figure qu’elle évoque. L'effacer de notre mémoire collective. Ces gens, incultes et désinvoltes de l’histoire, ont voulu consacrer, à la place de la promesse de prospérité commune qu'est le 27 Avril, traîtrise et l’imposture du 13 janvier. Ces homme-là , égoïstes et tribalistes  qui ont tué l’espoir et la nation naissante. “Petit territoire facilemen

Petit Pays ou une version intimiste de l'histoire d'un peuple et de nos luttes politiques

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Il y a les livres d'histoire, les essaies et les documentaires. J'en ai tellement lu et vu, ils forgent la culture intellectuelle et la conscience politique. Ces documents nous présentent les choses de façon générale, du point de vu politique ou sociologique. On nous explique le pourquoi du comment, les processus historiques, la  suite des évènements et leurs conséquences. C'est une vision assez détachée de l'histoire, objective si l'on veut. Peut être un peu trop.   Car tout ça ne renseigne pas vraiment sur les drames, les douleurs, les familles séparées, les individus détruits, les fuites, les peurs, les vengeances. De nos luttes, nos combats pour de justes causes ou nos guerres fratricides nous ne comprenons vraiment la douleur de ceux qui les ont vécus, les sacrifices, les déchirements que quand on nous offre une version intimiste de l'histoire. C'est de ça qu'il s'agit dans l'adaptation du roman de Gaël Faye par Eric Barbier. Ceci est un dra