Petit Pays ou une version intimiste de l'histoire d'un peuple et de nos luttes politiques

Il y a les livres d'histoire, les essaies et les documentaires. J'en ai tellement lu et vu, ils forgent la culture intellectuelle et la conscience politique. Ces documents nous présentent les choses de façon générale, du point de vu politique ou sociologique. On nous explique le pourquoi du comment, les processus historiques, la  suite des évènements et leurs conséquences. C'est une vision assez détachée de l'histoire, objective si l'on veut. Peut être un peu trop.  

Car tout ça ne renseigne pas vraiment sur les drames, les douleurs, les familles séparées, les individus détruits, les fuites, les peurs, les vengeances. De nos luttes, nos combats pour de justes causes ou nos guerres fratricides nous ne comprenons vraiment la douleur de ceux qui les ont vécus, les sacrifices, les déchirements que quand on nous offre une version intimiste de l'histoire.

C'est de ça qu'il s'agit dans l'adaptation du roman de Gaël Faye par Eric Barbier. Ceci est un drame vécu de l'intérieur, une histoire intimiste d'une période sombre pour le peuple de l'Urundi ( Burundi X Rwanda ). Cherchez le et regardez, 1h53 minutes d'apnée dans un océan d'émotions dont vous ne reviendrez pas.

Intimiste. C'est le mot la semaine. Quand vous creusez, l'histoire de nos luttes, les victoires, les trahisons, les défaites, les coup d'État, tout ça n'est qu'une somme d'intimité. C'est l'intime, la camaraderie, l'amitié et l'amour; la famille, le sang et les rencontres; les retrouvailles mais aussi les meurtres et la trahison qui ont tissé le tricot de ses histoires glorieuses ou dramatiques, parfois plus que déchirantes. 

" Ce sont des histoires aussi qu'il va falloir raconter à un moment. Les histoires d'intimité et de lutte. C'est ce en quoi je crois le plus. C'est beaucoup de famille, de déchirements aussi qu'on a tu. Et c'est des traumas qu'on a porté pendant très longtemps  et qu'il est important de délier. Ce que nos parents, ce que nos grand parents n'ont pas pu faire c'est à nous de le faire (...) Et je suis conscient aujourd'hui que le sang a une mémoire très forte. " Elom Kossi Khaunbiow

Ce film me parle, beaucoup. C'est d'abord comme ça que je voudrais apprendre l'histoire de notre peuple à mes enfants, d'une perspective intimiste. Nos liens de sang qui se mêlent à nos luttes. Vous doutez ? Olympio et Grunitzky, Sankara et Compaoré, les frères Cabral, Stokely et Miriam Makéba, Nelson et Winnie, les frères Castro, Kpatcha et Faure. Vous n'êtes pas convaincus ? Vous n'en douterez plus le jour où vous découvrirez qu' un ainé, un camarade de lutte est en fait, aussi et surtout, le frère de votre mère; votre oncle. A partir de là tout change, vous n'aurez plus la même perspective des choses. Je vous parle de l'intime, c'est de ça qu'il s'agit.

Commentaires

  1. L'intime, c'est vraiment de ça qu'il s'agissait et qu'il s'agit. Merci pour les rappels...

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  2. C'est très profond et très instructif, ce genre de pensées proposées à une génération pervertie par la culture européenne dépourvue d' africanité, surtout insoucieux de la vie tant sociale que politique de leurs pays. J'apprécie sincèrement pour ma part, ce plus que tu nous apportes néanmoins pour la plupart de ceux d'entre nous qui malgré notre situation tentons de faire comprendre à nos chers confrères l'importance de cette intimité et , par la même occasion leur montrer la nécessité de changer, d'innover. Merci Kley, et surtout courage à toi.👊

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