27 Avril, une si longue nuit (feat Théo Ananissoh)*

 

Aujourd'hui, 27 Avril, que fêtons nous ? L'indépendance du Togo ? Qu'est-ce que ça signifie, qu'est-ce que ça représente dans notre conscience collective ? 

Où sont les idéaux que portaient les pères fondateurs, quelle est leur place dans le récit national ? D'ailleurs, avons-nous réussi à devenir une véritable nation ? Ou du moins un État respectable ? 

Quel est aujourd'hui le projet national ? Quel pays construisons-nous ? Il y a tellement de questions autour de cette date. Encore que, dans un passé récent, certains de nos compatriotes ont tenté de l'effacer. Elle et ce qu’elle représente. Elle et la figure qu’elle évoque. L'effacer de notre mémoire collective. Ces gens, incultes et désinvoltes de l’histoire, ont voulu consacrer, à la place de la promesse de prospérité commune qu'est le 27 Avril, traîtrise et l’imposture du 13 janvier. Ces homme-là , égoïstes et tribalistes qui ont tué l’espoir et la nation naissante.

“Petit territoire facilement maîtrisable, le Togo dès 1963 - à peine trois après une vraie indépendance obtenues par des hommes capables - est effectivement maîtrisé. On le plaque au sol, on le garrotte. On le livre ainsi ligoté à des gens sans valeur et sans aucune foi.” - Théo Ananissoh

Ces gens-là, dont les héritiers nous dirigent encore aujourd’hui;  manipulés par nos ennemis, ouvraient pour nous, contre nous, ce 13 janvier 1963; une parenthèse de sang d'errance et d'imposture que nous ne sommes toujours pas capables de refermer. L'histoire est comme suspendue pendant que le temps s'en va. Plus désespérant que jamais. Lassitude et résignation, cooptation et coopération.


Le Togo est mort ce jour-là avec Sylvanus Olympio, et végète depuis, corps sans âme. Pour nous, patriotes, le 27 Avril est un amer rappel, de l’urgence de faire renaître cette nation. Il nous faut redonner une âme à ce pays, reprendre les idéaux des pères fondateurs. Ce n’est pas qu’une question de développement, de services publics de qualité, accessible à tous, de routes ou de ponts, d'usine ou de centrale. Non c’est au-delà de ça. 

"C'est un petit truc le Togo. Un domaine aisément gérable. Et Sylvanus Olympio a vu et a compris sa tâche, et il l'a commencée, avec rigueur et imagination. Il allait l'accomplir. On l'a assassiné. Le bien, l'idée du bien s'est évaporée ce funeste jour du 13 janvier 1963."- Théo Ananissoh

Ce dont il s’agit, c’est d’une renaissance complète. Il est question de remettre à jour un projet national, de re-penser ensemble un Togo qui s’enracine dans des valeurs culturelles profondes, sur une franche conscience de notre histoire commune, une histoire rétablie qui supprime l’imposture. Ce dont il s’agit, c’est de rassembler les togolais, de mettre en marche notre intelligence et notre force de travail collective, bâtir un terre de prospérité. Un Etat fort et puissant, souverain et capable d’assurer l’intégrité physique et psychique de son territoire et de sa population. Enfin, un Togo, comme l’aurait voulu son père fondateur Sylvanus Olympio, dans toute la grandeur et les imperfections de l’homme. Aussi, avouons-le, un Togo capable de s'inscrire dans un projet fédéraliste panafricain.


"Un petit pays, un petit territoire a un destin qui dépend entièrement de l'homme ou la femme qui en a la charge.(...) Ce sont des pays faisables. Concrètement. Immédiatement. Le Togo est faisable.(...) Regardez la petite Suisse enclavée ! Regardez Singapour.

Pleurez avec moi." - Théo Ananissoh


Klétus Situ


*Je cite plusieurs fois dans ce texte le romancier et essayiste dont la pensée froide et avertie développée dans A feu nu. Essais sur nous, vient appuyer celle chaude et idéaliste du jeune homme de 20 ans que je suis.


Commentaires

  1. 👏🏾👏🏾👏🏾la triste réalité

    RépondreSupprimer
  2. Tout Togolais devrait lire ce texte si bien réfléchi

    RépondreSupprimer
  3. Fier de l'espoir !!!
    Certes le pays est mort né, il a été tué dans l'œuf, mais je remercie le créateur qu'il y ait des gens prêt à reprendre le flambeau, à accomplir les rêves des pères fondateurs et à assurer la prospérité, la sécurité et le bonheur pour nos peuples
    Force à toi frère !!

    RépondreSupprimer
  4. Ce fût un plaisir de te lire Klétus. Ce texte dit"Tout"

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

L’avenir du littoral togolais s’écrira autour de l'écologie, du patrimoine et des communautés ou ne s’écrira pas

Moi, je ne guéris pas des femmes (feat Omaw Buame)

Lune ensoleillée